La confession : Une porte vers la grâce

Lorsqu'une personne connaît notre honte et qu'elle nous aime et nous reçoit, la honte ne peut pas survivre, écrit Ken Shigematsu, pasteur et auteur de Vancouver.

Traduit par François Godbout. Ce texte en anglais. 

Ma pratique de la confession à Dieu et devant certaines personnes de confiance est l'une des disciplines spirituelles récurrentes les plus puissantes de ma vie.

Pour la plupart d'entre nous, la pratique de la confession n'est pas facile. Jeune adulte, j'ai rejoint un petit groupe et je savais que nous allions être invités à nous confesser en toute transparence. J'étais avec des gens en qui je pouvais avoir confiance, mais j'avais encore peur et j'ai dit : « J'ai récemment fait du parachutisme pour la première fois. Sauter de l'avion était difficile, mais relativement facile comparé au fait de vous exposer mon âme ». Il n'est pas facile de partager son intimité, mais c'est le chemin qui mène à l'un des plus beaux cadeaux de la vie : l'amitié profonde.

Permettez-moi de mentionner trois personnes de confiance. Je suis profondément reconnaissant à mon directeur spirituel, Dan, d'avoir créé un espace sûr pour la confession. Je suis également reconnaissant de mon amitié de longue date avec Elizabeth, avec qui j'ai pu ouvrir mon cœur et me sentir accueilli (et, parfois, nécessairement réprimandé). J'apprécie profondément ma conversation hebdomadaire Zoom avec mon ami Mark, au cours de laquelle nous confessons mutuellement nos tentations, nos luttes et nos péchés, puis nous prions l'un pour l'autre. Cela peut sembler pénible, mais en pratique, c'est vraiment soulageant.

James Pennebaker, professeur à l'université du Texas, a étudié ce qui se passe lorsque les survivants de traumatismes, en particulier les victimes de viol et d'inceste, gardent le secret sur leur expérience. L'équipe de recherche a constaté que le fait de ne pas parler d'un événement traumatisant ou de ne pas le confier à une autre personne pouvait être plus préjudiciable que l'événement lui-même. À l'inverse, lorsque les personnes partageaient leurs histoires et leurs expériences, leur santé physique s'améliorait, leurs visites chez le médecin diminuaient et l'activité de leurs hormones de stress diminuait de manière significative. (J'ai lu cette étude dans Daring Greatly : How the Courage to Be Vulnerable Transforms the Way We Live, Love, Parent, and Lead [Avery, 2012].)

Lorsqu'une personne connaît notre honte et qu'elle nous aime et nous reçoit, la honte ne peut pas survivre.

J'ai commencé à comprendre la valeur de la confession lorsque j'étais célibataire. Pendant mes années d'études, j'ai eu une aventure romantique pendant les vacances d'été, alors que je voyageais. Ni moi ni la femme impliquée ne pouvions nous imaginer l'un avec l'autre pour longtemps - elle avait une relation avec quelqu'un d'autre, et j'avais l'intention d'initier une relation exclusive avec quelqu'un de retour à la maison. Mais cet été-là, nous nous sommes trouvés très attirés l'un par l'autre et, un soir, nous avons franchi certaines limites. Nous nous trouvions dans un espace public, il y avait donc une retenue naturelle, mais nous avons fini par nous embrasser et nous caresser longuement.

Vous pouvez penser que ce n'est pas grave, mais je savais que j'avais violé ma conscience et je ressentais de la culpabilité et de la honte. Peu de temps après, j'ai avoué ce que j'avais fait à un ami proche et à un mentor. Il a été déçu et a pleuré, mais il m'a aussi exprimé son amour, et j'ai ressenti sa profonde attention. Ayant avoué et ayant été reçu avec amour, j'ai senti un énorme fardeau s'envoler de mes épaules.

Lorsque nous pouvons exprimer honnêtement nos sentiments et nos fautes avec une personne sûre, quelque chose en nous se soulève et s’affermit.

Dan Siegel, chercheur et professeur de psychiatrie à l'UCLA, a souligné que lorsque nous confessons quelque chose qui nous pèse sur le cœur en présence d'une personne empathique, le neurotransmetteur GABA se répand dans notre cerveau, créant un effet apaisant.

Brené Brown a également publié des recherches qui suggèrent que l'une des stratégies les plus efficaces pour résister à la honte consiste à cultiver des amitiés avec des personnes de confiance qui peuvent devenir des sources d'empathie.

Lorsque nous partageons une expérience douloureuse ou honteuse avec une personne de confiance, nous pouvons commencer à recadrer notre honte.

PHOTO: SHUTTERSTOCK.COM

Quelque temps après mon aventure estivale, j'ai fait part de mon expérience à un autre ami sage. Après m'avoir écouté pensivement, il m'a dit : « Je sais que tu as l'impression d'avoir pris une mauvaise décision, mais je vois aussi que tu as fait preuve d'intégrité dans cette situation en fixant certaines limites lorsqu'on t'a donné l'occasion de devenir encore plus intime physiquement. Un échec à ce niveau peut en fait être bénéfique pour toi. Il peut t’aider à éviter quelque chose de beaucoup plus grave à l'avenir. » 

Bien que j'aie ressenti une certaine culpabilité et une honte résiduelles à la suite de cette expérience, le fait de la recadrer m'a permis d'alléger encore davantage le fardeau et m'a donné un sentiment de profonde gratitude.

Partager nos expériences de honte, de douleur ou de deuil peut nous aider à recadrer notre histoire. Lorsque nous la voyons sous un nouveau jour, nous pouvons même commencer à la considérer comme quelque chose de rédempteur et de beau dans la grande tapisserie de notre vie. C'est certainement vrai pour ceux qui croient en un Dieu qui rachète toutes les choses et fait en sorte que toutes les choses de notre vie concourent à notre bien ultime - et à sa plus grande gloire à mesure que nous sommes transformés à l'image de Christ.

Dans son ouvrage classique Spiritual Friendship, l'abbé anglais du XIIe siècle Aelred de Rievaulx écrit que nous ne devrions « mettre notre âme à nu » qu'avec ceux dont nous sommes certains qu'ils veulent le meilleur pour nous et qu'ils ne nous trahiront jamais. Cultiver des amitiés spirituelles avec des personnes qui ne nous jugeront pas et nous offriront au contraire sagesse et empathie - tout en préservant la confidentialité - demande du temps et des efforts. Entamer une conversation avec un pasteur, un directeur spirituel ou un conseiller demande du discernement et peut nécessiter du courage. Mais ces relations peuvent être une bouée de sauvetage et nous rendre entiers.

Je connais un chrétien intègre et engagé, qui est vraiment respecté pour son intégrité. Bien qu'il ait grandi dans un foyer chrétien conservateur et que ses parents n'aient jamais bu une goutte d'alcool, mon ami apprécie de temps en temps un verre de vin au dîner ou une bière avec un ami. Un soir, il était en ville avec un ami et ils ont bu quelques bières dans un bar. Ils ont fini par partir, mais alors qu'ils passaient devant un autre bar, son ami lui a dit : "Une autre bière ?

« Bien sûr », a répondu mon ami.

« Je ne me souviens pas de ce qui s'est passé ensuite, m'a-t-il dit. Mais le souvenir suivant, c'est que je suis allongé sur le dos sur un trottoir dans un quartier infesté de drogue, et que mon ami essaie d'empêcher quelqu'un d'autre de me frapper. Mon ami me fait monter dans un bus et je finis par vomir. Le chauffeur s'arrête et me dit : "Il faut que tu sortes". La dernière chose dont je me souvienne, c'est que je suis allongé dans un lit d'hôpital, branché à une machine, et que ma femme me regarde. »

Quelque temps plus tard, il s'est senti obligé de partager son histoire avec deux personnes avec lesquelles il avait cultivé une amitié de confiance. Accablé par la honte, il a d'abord été incapable de parler, mais après un long silence, bégayant et les larmes aux yeux, il a raconté l'incident. Ses amis ont pleuré avec lui, ont prié pour lui et lui ont offert ce qui ressemblait à une vague d'amour viscéral, sans conditions. 

La honte avait ressurgi, mais leur amour s'est avéré plus fort encore, brisant le pouvoir de la honte et le libérant de son lourd fardeau. Lorsqu'il a dit la vérité et confié son histoire à ces amis, il a découvert un amour inconditionnel - un amour qui n'a pas fui devant sa honte mais l'a vaincue.

Lorsqu'une personne connaît notre honte et qu'elle nous aime et nous reçoit, la honte ne peut pas survivre. Dans l'espace sacré de l'amour inconditionnel, nous devenons notre vrai moi, fait à l'image de Dieu, et le diamant scintillant de notre véritable identité brille de tous ses feux. 

Cet article est adapté du nouveau livre Now I Become Myself: How Deep Grace Heals Our Shame and Restores Our True Self (Zondervan, 2023). Ken Shigematsu est pasteur principal de Tenth Church à Vancouver, en Colombie-Britannique, une église diversifiée du centre-ville. Il a déjà publié God in My Everything (Zondervan, 2013) and Survival Guide for the Soul (Zondervan, 2018. Illustration de l'article de la porte rouge : Janice Van Eck.