Les paroles d'en haut nécessitent la prière
Bientôt, nos églises se rempliront, au moins pour une soirée, de Canadiens qui assisteront aux services religieux de la veille de Noël, et dont certains ne seraient peut-être pas assidus autrement. Ils entendront un des deux sermons de l'année (l'autre étant peut-être celui de Pâques). Pas de pression sur vous, les prédicateurs!
J'ai quelque chose à dire aux prédicateurs, et à ceux qui les écoutent. Je ne peux qu'imaginer le défi que les prédicateurs doivent relever semaine après semaine pour faire passer leur message en concurrence directe avec Facebook, YouTube, TikTok et Twitter.
Les prédicateurs essaient de glisser 15 à 50 minutes (le kilométrage peut varier en fonction de votre modèle ecclésial) d'un discours tiré d'un livre ancien et étrange. Vu l’énormité de la tâche, cela pourrait suffire pour qu'un prédicateur lève les mains en signe de capitulation devant l'assaut des exigences dominantes de notre société.
Quant au reste d'entre nous, qui écoutons semaine après semaine - du mieux que nous pouvons - nous pouvons nous demander, en privé ou non, à quoi tout cela rime. Parfois, l’homélie semble si éloignée de notre réalité quotidienne qu'elle pourrait tout aussi bien être prononcée en langue d’oïl.
Justification, sanctification, sainteté, disciple, obéissance, droiture, salut - qui parle ainsi de nos jours? Bien que la plupart des pasteurs essaient d'utiliser un langage inclusif, il est parfois difficile de traduire des concepts anciens dans le langage d'aujourd'hui.
Mais que faire si nous avons tort de penser ainsi? Et si le travail du prédicateur n'était pas tant d'étouffer la cacophonie des voix qui se disputent notre attention que de faire entendre une note brève mais dissonante?
Dieu se sert de la prédication pour faire entendre une parole d'en haut qui nous choque, nous dépasse, nous défie, nous réconforte et nous interpelle.
La plupart d'entre nous ont fait l'expérience d'être sur une terrasse par un beau soir d'été, écoutant le chant des oiseaux, le cri-cri des grillons, le rire des enfants, le rugissement des tondeuses à gazon et la musique. Puis, un boum, un cri ou même un rire retentissant fait une percée. C'est peut-être le meilleur exemple de ce qu'est la prédication - un mot dissonant de Bonne Nouvelle dans notre monde quotidien de mots et de messages qui ne sont pas des bonnes nouvelles.
Il y a un adage qui dit que la prédication (et le journalisme !) est censée réconforter les affligés et affliger les confortables. Bien que ce ne soit pas une mauvaise philosophie de la prédication à considérer, ce n'est pas ce que j’entends par là. Nous ne prêchons pas pour divertir, pour déranger ou même pour informer (probablement la raison dominante pour laquelle la plupart des prédicateurs évangéliques prêchent encore aujourd'hui) mais pour faire retentir une parole, un message, différent de tout ce que nous entendons pendant les 167½ autres heures par semaine. Le sermon est un mot qui n'est pas à sa place parmi les milliards d'autres que nous entendons.
La dissonance de la prédication n'a rien à voir avec le fait qu'une assemblée endormie ait besoin d'être réveillée ou qu'une assemblée troublée ait besoin d'être apaisée. La prédication est ce qu'elle est parce qu'elle prétend être un compte rendu aux humains de ce que Dieu nous dit dans et par sa Parole. Les messages habituels du reste de la semaine cherchent à persuader, à divertir, à apaiser et même à condamner les uns et les autres, alors que la prédication ose dire (avec beaucoup de crainte et de tremblement de la part du prédicateur) : « Voici ce que Dieu nous dit. »
Dieu utilise les mots des prédicateurs et de la prédication (aussi mystérieusement faillibles soient-ils) pour nous donner une parole d'en haut qui nous choque, nous dérange, nous défie, nous réconforte et nous interpelle. Voilà qui est différent.
Prêcheurs : N'oubliez jamais, lorsque vous vous levez pour parler, que vous le faites en tant que conduit humble et plein d'espoir par lequel l'Esprit souverain de Dieu parle encore aujourd'hui aux oreilles, aux cœurs et aux esprits. Ne vous préoccupez pas tant de la pertinence de vos paroles que de ce qu'il faut faire pour vous préparer à monter en chaire semaine après semaine. Priez, préparez-vous - et puis priez encore.
Auditeurs : Si la prédication est un mot dissonant, nous risquons de passer à côté de l'essentiel du sermon si nous le jugeons en fonction de sa pertinence, de sa valeur de divertissement ou même de sa capacité à s'exprimer dans un langage courant. Si ce sont là nos principaux critères d’appréciation d’un sermon, nous ne venons pas à la table spirituellement préparés, dans l'humilité et l'attente, pour entendre et recevoir la parole de l’Esprit de Dieu.
Si les prédicateurs ont l'énorme responsabilité de se préparer à prêcher, nous, les fidèles, avons une responsabilité égale, sinon plus grande, de dire dans l'esprit de Samuel : « Parle, Éternel, car ton serviteur écoute » (1 Samuel 3:9-10). Ne soyons pas surpris si nous n'entendons pas Dieu parler alors que nous n'avons pas ouvert nos oreilles et nos cœurs pour entendre.
Dans une posture d'écoute, nous serons moins surpris lorsque les mots que nous entendons nous paraissent étranges et transcendants. Nous serons également moins surpris lorsque, pendant ces quelques précieuses minutes du dimanche matin, les messages que nous avons entendus toute la semaine nous sembleront insignifiants, sans intérêt, faux, ennuyeux et fades par rapport à la parole tranquille, étrange, profondément belle et vraie que Dieu nous adresse.
David Guretzki d'Ottawa est éditeur exécutif de Faith Today et sert l'Alliance évangélique du Canada en tant que vice-président exécutif et théologien résident. Photos: Kristina Paparo; MarySuperStudio