Magazines 2025 Nov - Dec Venez, Divin Messie : Oh viens, divin Messie

Venez, Divin Messie : Oh viens, divin Messie

01 November 2025 By April Yamasaki

La surprenante dualité de la période de l'Avent

Traduit par François Godbout. Ce texte en anglais

Je ne sais ni où, ni quand, j'ai appris pour la première fois que la période de l'Avent correspondait aux quatre semaines précédant Noël. Peut-être quand j'étais enfant, à l'église luthérienne où j'allais au catéchisme. Ou bien quand j'étais adolescente, à l'église anglicane où j'allais avec une amie du secondaire. Ou encore dans l'une des nombreuses églises que mon mari et moi avons visitées quand nous étions jeunes mariés, à la recherche d'une église où nous sentir chez nous.

Au fil du temps, j'ai fini par comprendre que l'Avent était une période de préparation à Noël, une période de préparation à la célébration de la naissance de Jésus.

L'Avent consistait à allumer une à une les chandelles de la couronne de l'Avent pendant les quatre dimanches précédant Noël. Avec chaque chandelle, l'anticipation grandissait jusqu'au jour de Noël, où toutes les chandelles de la couronne seraient allumées, y compris la chandelle de Christ au centre.

L'Avent signifiait attendre les dimanches les plus proches de Noël avant de chanter des cantiques de Noël à l'église. Cela signifiait attendre la veille de Noël pour ajouter l'enfant dans la crèche à notre scène de la Nativité. L'Avent consistait à attendre la naissance de Jésus - du moins, c'est ce que j'ai toujours pensé.

Pourquoi alors tant de passages bibliques de l'Avent parlaient-elles en termes sinistres de jugement ?

La contradiction de l’Avent

Parallèlement à la lumière croissante des chandelles de l'Avent, nous entendions les paroles sombres de Jean-Baptiste. « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Matthieu 3:2).

Nous lisions les paroles de Jésus adulte vers la fin de son ministère terrestre. « Deux hommes seront dans le champ ; l'un sera pris et l'autre laissé. Deux femmes moudront avec un moulin à main ; l'une sera prise et l'autre laissée » (Matthieu 24, 40-41).

Nous écoutions Jacques avertir l'Église primitive, et par extension, nous avertir. « Ne murmurez pas les uns contre les autres, frères et sœurs, afin de ne pas être jugés. Le Juge est à la porte ! » (Jacques 5, 9).

Je ne comprenais pas pourquoi ces paroles de jugement étaient régulièrement lues pendant la période de l'Avent. Elles me semblaient plus appropriées pour la période de confession et de repentance qui précède Pâques, et non pour la joyeuse attente de l'Avent.

Comment ces textes pouvaient-ils préparer la voie à Noël ? Où était la joyeuse attente ? Où était l'excitation de la naissance à venir ?

En tant que membre d'une église, puis plus tard en tant que pasteure, j'ai fidèlement observé l'Avent chaque année. J'aimais marquer les semaines précédant Noël avec les thèmes traditionnels de l'Avent : l'espoir, la paix, la joie et l'amour. Je lisais même et prêchais parfois sur les textes plus difficiles de l'Avent concernant le jugement.

Mais je ne peux pas dire que je comprenais pourquoi ils faisaient partie de la saison de l'Avent.

Mon épiphanie

Puis j'ai lu un recueil de sermons de Fleming Rutledge. Je connaissais la réputation de Rutledge en tant que chercheuse et prédicatrice qui enseignait à d'autres prédicateurs, et je savais que l'une de ses spécialités était de mettre en relation la Bible avec notre monde actuel.

Help My Unbelief (Eerdmans, 2000) était déjà dépassé lorsque je l'ai trouvé sur une table de livres soldés. Mais je me suis dit que je pourrais apprendre beaucoup, même à partir d'un de ses anciens livres. De plus, celui-ci était en solde.

J'ai découvert rapidement que le livre de Rutledge couvrait toutes les saisons de l'année liturgique et, pour présenter l'Avent, elle écrivait : « Aucune autre période de l'année liturgique ne nous présente autant de contradictions. »

Oui, pensais-je. Exactement. L'Avent est un temps de joyeuse préparation à la naissance de Jésus, mais aussi un temps de paroles de jugement. Rutledge soulignait la contradiction que je ressentais depuis longtemps.

Mais pour elle, la contradiction de l'Avent était encore plus profonde : il ne s'agissait pas tant de la contradiction entre la joie et le jugement, mais de la tension entre le fait de regarder en arrière et de célébrer la naissance de Jésus et celui d'attendre avec impatience la seconde venue de Christ et de Son royaume.

Bien que j'aie été imprégnée de certaines traditions liturgiques de l'Église, je n'avais jamais compris l'Avent de cette manière. Pour Rutledge, c'était là la grande contradiction de l'Avent. Pour moi, voir ensemble la première et la seconde venue de Christ a été une grande révélation.

…il annonce également la seconde venue de Christ, le moment où tous les peuples verront la gloire du Seigneur.

Rutledge a intitulé son sermon « Au-delà de la vallée des cendres ». Le titre fait référence à Ésaïe 40:3-5, souvent lu pendant la période de l'Avent :

« Une voix crie: Préparez au désert le chemin de l'Éternel,
Aplanissez dans les lieux arides
Une route pour notre Dieu.

Que toute vallée soit exhaussée,
Que toute montagne et toute colline soient abaissées!
Que les coteaux se changent en plaines,
Et les défilés étroits en vallons!

Alors la gloire de l'Éternel sera révélée,
Et au même instant toute chair la verra;
Car la bouche de l'Éternel a parlé. »

En tant que lecture de l'Avent, ce texte rappelle Jean-Baptiste annonçant le début du ministère terrestre de Jésus. Mais il annonce également la seconde venue de Christ, le moment où tous les peuples verront la gloire du Seigneur. Quand toutes les vallées poussiéreuses seront relevées et que nous serons enfin élevés au-dessus de cette vallée de cendres, au-delà de toute la confusion, la douleur, la souffrance et la mort de ce monde.

Comme l'a écrit Rutledge, « L'Avent, voyez-vous, ne concerne pas le passé. Il concerne l'avenir. Ce n'est pas une saison où l'on se souvient de quelque chose qui s'est passé il y a longtemps ; c'est une saison de préparation au grand jour du Royaume de Dieu qui vient. »

celebrating advent then and now
ILLUSTRATION: FAST INK

Ce fut mon épiphanie, mon moment de révélation, le moment où j'ai réalisé à quel point ma compréhension de l'Avent était limitée, le moment où j'ai découvert que l'Avent était – que l'Avent est – beaucoup plus grand que je ne le pensais.

Car l'Avent n'est pas seulement un temps de préparation à la célébration de la première venue de Christ. C'est aussi un temps de préparation à Sa seconde venue.

Une nouvelle vision de l'Avent

J'ai commencé à voir les chants de l'Avent sous un nouveau jour. Mon cantique préféré, « O Come, O Come, Emmanuel », ne traitait pas seulement – ni même principalement – de l'attente de la naissance de l'enfant Jésus. C'est un chant d'anticipation de la seconde venue de Christ.

« Viens ouvrir notre demeure céleste. Sécurise le chemin qui mène vers les hauteurs et ferme la voie à la misère. »

Elle aspire à l'accomplissement final de la promesse de paix de Dieu. « Unis tous les peuples dans un même cœur et un même esprit. Fais cesser l'envie, les conflits et les querelles. Remplis le monde entier de la paix céleste. » Les paroles ne parlent pas du Noël passé, mais du Royaume de Christ à venir.

Le cantique classique de l'Avent « Oh, How Shall I Receive Thee? » est une prière de l'Avent. Le deuxième couplet parle de la naissance de Jésus comme d'un événement passé. « L'amour a causé ton incarnation ; l'amour t'a amené vers moi. »

Mais le troisième couplet parle tout aussi clairement de son retour dans le futur. « Nous t'accueillons, notre Sauveur ; viens nous rassembler auprès de toi, afin que dans ta lumière éternelle, notre foyer soit joyeux. »

Aujourd'hui, je les vois aussi comme des signes de son retour, comme des actes de foi dans l'attente de la plénitude de son règne à venir.

Dans la musique contemporaine, People & Songs a sorti en 2010 le chant de l'Avent « Oh Come Divine Messiah ». Il s'agit d'une adaptation anglaise basée sur le cantique français de l'Avent du XVIe siècle « Venez, divin Messie » qui attend avec impatience la seconde venue de Christ :  Venez. Venez. Venez. Ô Fils de Dieu, ne tardez pas.

Célébrer l'Avent hier et aujourd'hui

Cette année, pour l’Avent, je vais installer la crèche sculptée que mon mari et moi avons achetée pour notre premier Noël ensemble dans notre petit appartement loué. Nous avons déménagé plusieurs fois depuis, mais j'ai conservé la crèche et y ai ajouté quelques figurines supplémentaires : un grand ange en verre offert par un collègue, un petit renne en bois fabriqué à la main par un ami, deux tasses de Noël miniatures portant les noms « Gary » et « April » représentant mon mari et moi en train d'adorer l'enfant Jésus, ainsi que diverses autres figurines.

Il y a même une pieuvre vert vif crochetée par une autre amie comme cadeau pour une fête de Noël. Elle n'était pas destinée à une crèche, mais après être rentrée de la fête, je l'ai ajoutée pour apporter une touche de fantaisie et rappeler le jour à venir où toute la création, même les pieuvres, sera rassemblée et restaurée dans le royaume de Dieu.

Désormais, chaque année, la première et la seconde venue de Christ sont représentées dans ma crèche.

Pendant l'Avent, j'avais l'habitude de repenser à Jésus, l'enfant roi né il y a longtemps dans des circonstances obscures, qui, une fois adulte, proclamerait le royaume de Dieu et appellerait ses disciples à le rejoindre, qui souffrirait, mourrait et ressusciterait par la puissance du Saint-Esprit afin que nous puissions connaître le pardon et la puissance de vivre une nouvelle vie.

Aujourd'hui, pendant l'Avent, je me réjouis également de Jésus, le roi ressuscité, qui règne encore aujourd'hui dans les cieux et qui reviendra un jour dans ce monde dans la puissance et la gloire pour accomplir toutes les promesses de l'Avent de Dieu : l'espoir, la paix, la joie et l'amour.

J'avais l'habitude de considérer mes dons supplémentaires de fin d'année comme des cadeaux en l'honneur du Roi nouveau-né. Aujourd'hui, je les vois aussi comme des signes de la venue du Royaume de Dieu, où les banques alimentaires ne seront plus nécessaires, où la persécution cédera la place à la justice, à la compassion et à l'amour, où les fractures de ce monde seront enfin guéries et réparées.

J'avais l'habitude de considérer les actes de bonté et de justice en réponse à la vie et au ministère de Jésus comme des moyens de suivre son exemple tel qu'il est rapporté dans les Évangiles. Aujourd'hui, je les vois aussi comme des signes de son retour, comme des actes de foi dans l'attente de la plénitude de son règne à venir.

Quelles choses vous rappellent la venue du Royaume de Dieu ? Comment vont-elles s'intégrer à votre attente de l'Avent et à votre célébration de Noël cette année ?

Puissiez-vous vivre un Avent réfléchi, rempli de prières et de joie, dans l'attente du Roi qui vient, celui par qui toutes choses ont été créées, qui est venu il y a longtemps lors de ce premier Noël et qui reviendra un jour pour réconcilier toutes choses avec lui-même.

Venez, divin Messie. Nous rendre espoir et nous sauver. Vous êtes notre vie. Venez. Venez. Venez.

April Yamasaki est pasteure ordonnée, auteure résidente d'une communauté liturgique, rédactrice en chef du magazine de dévotion Rejoice! et auteure de livres sur la vie dans la foi et l'espérance (AprilYamasaki.com). Elle vit à Abbotsford, en Colombie-Britannique. Illustration : Spacepixel Creative

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