Magazines 2023 Nov - Dec Réfléchir à l'impondérable

Réfléchir à l'impondérable

31 October 2023 By David Guretzki

Certains mystères ne sont pas à résoudre

Traduit par François Godbout. Ce texte en anglais

Ma femme Maureen et moi avons récemment regardé un documentaire sur des personnes qui ont mystérieusement disparu dans des parcs nationaux. Dans la plupart des cas, ils n’ont jamais été retrouvés et n’ont laissé aucun indice.

La façon dont nous avons traité les épisodes reflète notre façon très différente de voir les choses. Pour moi, un mystère est quelque chose à résoudre. J'essaie de trouver et d'offrir des explications rationnelles. Maureen, elle, est capable d'accepter qu'il se passe parfois des choses inexplicables.

Chez nous, la tradition veut qu'avant d'échanger les cadeaux en famille la veille de Noël, je lise le récit de la Nativité dans Luc 2. J'ai toujours aimé l'annonce des anges et la proclamation triomphante des bergers qui ont vu l'enfant Jésus. Nous discutons souvent du verset 19 : « Marie regardait toutes ces choses et les repassait dans son cœur. »

Ce verset est pour moi un mystère. Je me suis demandé ce que Marie conservait et méditait exactement. J'aimerais savoir ce qu'elle pensait. J'ai hâte de le lui demander un jour. 

Maureen lit ce verset très différemment. Lorsque je lui demande ce qu'elle pense que Marie méditait, c'est comme si je lui demandais de résoudre un problème de calcul. Bien sûr, Marie se contente de réfléchir aux choses merveilleuses qui se passent autour d'elle. Je suis stupéfait qu'elle accepte cela. Pour Maureen, il n'est pas nécessaire que le texte révèle exactement ce que Marie pensait. Elle préfère le mystère.

Lorsque Luc a écrit son Évangile, il a probablement eu accès à quelqu'un (Pierre, Jacques ou Jean peut-être?) à qui Marie a personnellement révélé cette partie de l'histoire. Mais je me demande toujours pourquoi Luc a inclus cette déclaration sur Marie au milieu du récit des bergers.

Tandis que les bergers se réjouissent bruyamment, Marie est assise et réfléchit tranquillement au grand mystère qui se déploie - celui de l'Emmanuel.

Tandis que les bergers se réjouissent bruyamment, Marie est assise et réfléchit tranquillement au grand mystère qui se déploie - celui de l'Emmanuel, Dieu apparaissant dans ce petit bébé nommé Jésus.

Marie - et Maureen - ont beaucoup à m'apprendre. Moi, le théologien, je me gratte la tête pour mieux comprendre l'Incarnation et ce qu'elle signifie, mais Marie - et Maureen - méditent tranquillement et gardent ces choses dans leur cœur.

En 451 après J.-C., d'anciens théologiens se sont réunis à Chalcédoine, une ville proche de l'actuelle Istanbul, et ont cherché à décrire la relation entre l'humanité et la divinité de Christ. Ils ont réfléchi à ce que les théologiens appellent l'union hypostatique, c'est-à-dire la façon dont, en Jésus, les natures divine et humaine sont réunies (union) en une seule personne (hypostase). Aujourd'hui, la plupart des branches du christianisme (mais pas toutes) acceptent la formule chalcédonienne comme un énoncé faisant autorité de notre doctrine au sujet de Christ.

Les théologiens chalcédoniens ont notamment rédigé une déclaration qui définit le lien entre les natures divine et humaine de Jésus. Un extrait important de cette définition stipule que les deux natures sont... :

  • sans confusion : les natures ne forment pas un être hybride mi-Dieu, mi-humain
  • inchangées : en se réunissant, la nature divine et la nature humaine restent pleinement divines et pleinement humaines
  • indivisible : tout ce que Jésus fait, il le fait toujours ensemble, en tant que Dieu et en tant qu'homme
  • sans séparation : les deux natures restent fusionnées en permanence, de sorte qu'aujourd'hui encore, Jésus reste à la fois pleinement divin et pleinement humain.

Ce qui est fascinant, c'est que la définition chalcédonienne ne conclut jamais exactement comment l'humain et le divin résident en Jésus, mais plutôt comment ils n'y résident pas.

Bien que les théologiens chalcédoniens aient finalement convenu qu'en Jésus, le divin et l'humain se rejoignent, ils ne confessent que par la négative la manière dont ils sont unis - sans confusion, sans changement, sans division ni séparation. L'Incarnation, l'union hypostatique, l'Emmanuel, l'Enfant de Bethléem, ou toute autre désignation que nous préférons, n'est pas tant quelque chose à comprendre qu'à méditer. L'Incarnation, en d'autres termes, est le plus grand des miracles, la plus majestueuse des merveilles, le plus mystérieux des mystères. Jésus doit être vénéré et adoré dans son unicité absolue.

Dans sa réflexion, Marie a gardé au fond de son cœur la révélation de l'identité de cet Enfant.

Soyons comme les bergers et les anges, glorifiant et louant bruyamment Dieu le grand don qu’il nous a fait! Mais, comme Marie, asseyons-nous tranquillement, méditons et chérissons au plus profond de nos cœurs et de nos âmes cette merveille miraculeuse, Jésus-Christ, Dieu et homme, qui est venu humblement et avec amour pour être avec nous et pour notre bien.

david guretzki
David Guretzki est le président-directeur général de l'AEC. Vous pouvez lire d'autres articles de sa rubrique sur le site FaithToday.ca/CrossConnections. Photo du vitrail : Shutterstock.com

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