Comment les pasteurs doivent-ils répondre aux paroissiens qui choisissent l'assistance médicale à mourir ? David Guretzki estime qu'il est temps de répondre à cette question.
Au cours des derniers mois, j'ai eu des conversations urgentes avec des pasteurs à qui l'on avait demandé d'être présents dans la pièce où se trouvaient les personnes se prévalant de l’aide médicale à mourir (AMM). Devraient-ils se joindre à des fidèles ou à d'autres personnes? Ou devraient-ils refuser?
Les pasteurs, les accompagnateurs spirituels, les aumôniers et les prestataires de soins de santé mentale se posent tous des questions pressantes sur ce qu'il convient de faire lorsqu'une personne dont ils s'occupent demande l'aide à mourir, ou même sur les conseils à donner aux membres de l'Église qui pourraient accompagner un être cher qui fait ce choix. Même s'il est difficile de concevoir que ces questions soient envisagées, les responsables pastoraux vont devoir clarifier la façon dont ils réagiront à l'extension de l’AMM.
Le gouvernement prévoyait d'étendre l‘AMM aux personnes souffrant uniquement de maladies mentales en mars 2023. La pression exercée par les groupes de santé mentale, les groupes religieux et les groupes de personnes handicapées a heureusement contribué à l'adoption d'un projet de loi fédéral visant à repousser l'échéance d'un an. Mais ne vous y trompez pas : mars 2024 arrivera vite.
Par ailleurs, qu'en est-il de la question controversée de l'extension de l’AMM aux mineurs dits matures, c'est-à-dire aux personnes de moins de 18 ans jugées suffisamment mûres pour prendre leur propre décision sans le consentement de leurs parents ou de leurs tuteurs? Quel rôle les pasteurs joueront-ils dans cette situation inextricable?
L'aide médicale à mourir crée une crise pour les familles qui restent après qu'un individu a opté pour cette solution. Pourtant, nous avons à peine commencé à discuter de l'impact de l'AMM sur le plan pastoral.
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Dans l’optique pastorale, la meilleure façon d'aider les mourants et les personnes en deuil est relativement évidente lors de la mort naturelle d'une personne âgée, de la mort d'une maladie terminale ou chronique, de la mort prématurée d'un nourrisson ou d'un enfant, d'une mort déchirante due à un accident ou à une tragédie, et même d'une mort par suicide.
Cependant, lorsqu'une personne meurt par euthanasie ou suicide assisté, il n'y a pas d'hypothèses sûres quant à la manière dont la famille et les amis perçoivent ce décès. Pour certains, il s'agira d'une tragédie morale, tandis que d'autres se sentiront réconfortés par le fait que leur proche a mis fin à sa vie selon ses propres termes. Les accompagnateurs spirituels se retrouvent dans une position périlleuse : de quel type de réconfort ce décès a-t-il besoin?
La réalité de l’AMM nous oblige, en tant que soignants théologiques, confessionnels et pastoraux, à réfléchir à la manière dont nous allons gérer la situation - avant d'être appelés à le faire. Le meilleur moment pour prendre ces décisions morales et pratiques n'est pas le moment présent. Nous devons déterminer à l'avance comment nous répondrons aux personnes et à leurs familles.
Les questions portent également sur les pratiques pastorales dans les jours et les heures qui précèdent la mort d'une personne qui opte pour l’AMM. Que devrait dire un soignant à une personne qui envisage l’AMM? Devrait-il chercher à l’en dissuader? Éviter de moraliser? Ou existe-t-il d'autres réponses que nous n'avons pas encore envisagées ?
Les éthiciens théologiques ne sont pas d'accord sur l'acceptabilité morale de l'accompagnement d'une personne jusqu'à sa mort programmée. Les pasteurs doivent se pencher sur cette question. L'Église catholique romaine, par exemple, demande aux agents pastoraux de ne pas accompagner les personnes qui optent pour l’AMM pendant la procédure elle-même, car cela est considéré comme une forme de complicité morale avec un acte de péché.
Ma conviction morale est que tout arrêt intentionnel de la vie d'une personne sans la permission divine est une forme de meurtre. Cela correspond à la formulation de la loi canadienne avant 2016.
Même si ce ne sont pas les pasteurs qui pratiquent la procédure, ils devront répondre, devant Dieu et leurs fidèles, à la question de savoir si leur présence est une forme de permission ou de bénédiction pour la personne qui choisit de mettre fin à sa vie.
Nous devons déterminer à l'avance comment nous répondrons à la fois aux individus et à leurs familles.
Je peux accepter que d'autres personnes arrivent à des conclusions différentes sur ce point délicat. Mais je crois que les accompagnateurs spirituels doivent résoudre cette question dans leur cœur et leur esprit. Il est préférable de le faire bien avant d'être appelé à le faire.
Soit dit en passant, des preuves commencent à apparaître sur le préjudice moral que subissent les accompagnateurs pastoraux (sans parler du personnel médical) présents lorsqu'on met intentionnellement fin à la vie d'une personne. Certains ont parlé du traumatisme moral et psychologique qu'ils ont subi.
Nous devons tenir compte de la différence significative entre le fait d'assister à la mort naturelle d'une personne et le fait d'être présent lorsqu'on met fin intentionnellement à la vie d'une personne.
Je n'envie pas les tensions théologiques et morales auxquelles les pasteurs sont confrontés sur cette question théologique, morale et pastorale relativement nouvelle. Les confessions religieuses, les théologiens et les pasteurs doivent y faire face et fournir des conseils, d'autant plus que de plus en plus de fidèles choisissent cette voie.
Cela signifie qu'il faut, non seulement aborder la question lorsqu'ils sont directement confrontés à leur engagement, mais aussi la manière dont les pasteurs aborderont cette question dans leur enseignement et leur prédication à leurs assemblées.
Je prie pour que nous puissions travailler ensemble afin d'apporter les conseils nécessaires à ces questions épineuses.
