Magazines 2025 Nov - Dec Pourquoi la naissance virginale ?

Pourquoi la naissance virginale ?

17 October 2025 By David Guretzki

Croire au miracle à l'ère séculière

Traduit par François Godbout. Ce texte en anglais

En 1945, Harry Emerson Fosdick, pasteur et critique du fondamentalisme américain, déclara : « Je ne crois pas à la naissance virginale. [...] Je ne connais aucun ministre intelligent qui y croit. »

À une époque laïque, il est compréhensible que tout ce qui touche au transcendant soit accueilli avec scepticisme. Fosdick était libre de remettre en question la naissance virginale, mais – notez bien – son incroyance va à l'encontre de la longue tradition de la croyance chrétienne historique.

L'année 2025 marque le 1 700e anniversaire du résumé le plus universellement reconnu de la doctrine chrétienne essentielle, le Credo de Nicée. Parmi d'autres doctrines trinitaires et christologiques cruciales, le Credo affirme la naissance virginale de Jésus. Je me compte parmi les millions de personnes qui continuent d'y croire.

Mais même si nous y croyons et l'enseignons, pourquoi est-ce important ?

Au moins deux théories principales ont été proposées pour justifier la nécessité doctrinale de la naissance virginale de Christ. Les premiers théologiens chrétiens ont soutenu que la naissance miraculeuse de Jésus était l'accomplissement d'une prophétie. Ils suivent ici l'Évangile de Matthieu qui cite Ésaïe 7:14 pour prouver que Jésus était celui dont les prophètes avaient témoigné.

Les critiques soutiennent que le mot hébreu utilisé par Ésaïe (« almah ») ne signifie pas nécessairement vierge, mais jeune femme. Oui, « almah » peut simplement signifier jeune femme, mais il existe d'autres exemples dans les Écritures hébraïques où il signifie spécifiquement vierge (Genèse 24:43 ; Cantique des Cantiques 1:3, 6:8, etc.).

De plus, les déclarations prophétiques ont souvent un double sens, l'un immédiat et l'autre dans un avenir plus lointain. Ainsi, lorsque Matthieu rapporte que Marie n'avait pas encore eu de relations sexuelles (Matthieu 1:22-25), il était, au moins, convaincu qu'Ésaïe faisait référence à une vierge.

Jésus est non seulement le premier-né sur toute la création, mais aussi le premier-né du nouveau ciel et de la nouvelle terre auxquels participent ceux qui sont en Christ.

D'autres théologiens ont insisté sur le fait que la naissance virginale était nécessaire pour préserver l'innocence de Jésus en contournant la figure d'un père humain pécheur. C'est le théologien Augustin, au IVe siècle, qui a été le premier à formuler cette opinion. Bien qu'Augustin fût un brillant théologien, il avait malheureusement une vision plutôt négative de la sexualité humaine, présumant que le péché était transmis à l'enfant par la semence masculine.

Bien qu'elle soit encore couramment enseignée, la théorie de la transmission du péché par l'acte de procréation n'est pas explicitement enseignée dans les Écritures. Lorsque Paul annonce que le péché est entré dans le monde par Adam (Romains 5:12), il n'explique nulle part que le mécanisme de transmission est le sperme masculin. De plus, si Paul avait voulu garantir l'absence de péché de Christ sur la base de cette théorie, il aurait été bon de mentionner la naissance virginale, ce qu'il ne fait jamais.

Bien que la première théorie bénéficie d'un meilleur soutien biblique direct que la seconde, je crois que la naissance virginale a une signification plus profonde que les deux. Pourquoi alors devrions-nous continuer à l'enseigner ?

Tout d'abord, et c'est le plus évident, la Bible l'enseigne. Matthieu et Luc mentionnent tous deux la naissance virginale dans leurs Évangiles (Matthieu 1:18-23 ; Luc 1:26-38). Curieusement, Marc, Jean, Pierre, Jacques et Paul n'en font jamais mention. Mais la fréquence des références bibliques à un sujet ne détermine jamais sa véracité. Nous prenons donc Matthieu et Luc au mot.

Deuxièmement, et surtout, la naissance virginale affirme doctrinalement le côté divin et humain de l'Incarnation, de Dieu devenant chair en Jésus-Christ.

D'une part, il s'agit d'une naissance virginale. Jésus entre dans l'histoire comme tout être humain, à partir du ventre d'une mère humaine. La naissance de Jésus nous montre qu'il est aussi humain que nous. En fait, son humanité inclut le fait de devenir volontairement totalement dépendant de Marie pour sa croissance natale et de ses deux parents pour son éducation. C'est au moins en partie ce que signifiait pour Jésus de se vider et de s'humilier (Philippiens 2:7-8).

En d'autres termes, le Fils divin n'est pas descendu du ciel comme un être étranger. Contrairement aux demi-dieux mythologiques grecs et romains (qui n'étaient ni pleinement divins ni pleinement humains), Jésus est pleinement divin et est devenu pleinement humain « pour nous et pour notre salut », comme le dit le Credo de Nicée.

D'autre part, il s'agit d'une naissance virginale. L'apparition de Jésus dans l'histoire est un miracle surprenant de l'Esprit de Dieu. Tout comme Dieu a créé un monde entièrement nouveau à partir de rien (ex nihilo, comme le concept est souvent appelé en latin) par sa Parole et son Esprit, de même la Parole éternelle entre dans l'histoire et la création par l'Esprit d'une manière entièrement nouvelle (novum) pour devenir humaine.

Par conséquent, Jésus est non seulement le premier-né sur toute la création (Colossiens 1:15), mais aussi le premier-né du nouveau ciel et de la nouvelle terre auxquels participent ceux qui sont en Christ (1 Corinthiens 5:17).

Dans la Bible, les miracles sont souvent appelés signes et prodiges. En tant que miracle, la naissance virginale est un signe. Elle indique qui est Jésus : le Fils éternel qui a pris chair humaine. Mais c'est aussi un prodige, car la manière mystérieuse dont Dieu accomplit cela est en effet merveilleuse à voir.

C'est pourquoi nous chantons : « Tard dans le temps, voici qu'il vient, Issu du sein d'une vierge. Voilé dans la chair, voyez la divinité, Saluez la divinité incarnée ! »

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David Guretzki est président et directeur général de l'AEC. Pour lire d'autres articles de cette série, rendez-vous sur FaithToday.ca/CrossConnections. Illustration : Bernardo Ramonfaur.